Coïnfections

L’infection par le VIH peut être accompagnée ou suivie d’une infection par un autre agent pathogène. Une personne peut ainsi vivre avec plus d’une infection à la fois. Il existe de  nombreuses co-infections : VIH – hépatite B, VIH – tuberculose, VIH – hépatite C, hépatites B et C…

La prise en compte des co-infections est indispensable pour une politique de prévention, de diagnostic et de traitements conjoints et une collaboration entre les services. L’évolution de chacune des infections peut être profondément modifiée, ainsi que les symptômes cliniques et les choix thérapeutiques.

Coïnfections et co-morbidités

Le terme « comorbidité » désigne des maladies et/ou divers troubles s’ajoutant à la maladie initiale. Ces maladies « secondaires » peuvent être directement dues à la première ou, au contraire, ne pas avoir de liens apparents avec celle-ci. Par exemple, le diabète est une maladie présentant une forte comorbidité : il est fréquent que d’autres maladies y soient associées. Les co-morbidités ou pathologies associées peuvent être nombreuses. On cite par exemple  la lipodysrophie, les risques cardio-vasculaires, des pathologies rénales, hépatiques, pulmonaires, osseuses, des troubles neuro-cognitifs, des troubles psychiatriques, des cancers, etc.

Hépatite B (VHB) et hépatite C (VHC)
L’impact des coïnfections avec les hépatites B et C est très lourd en terme de morbidité et de mortalité et doit surmonter la difficulté d’intégrer une stratégie thérapeutique globale des traitements des hépatites et des antirétroviraux. Cette complexité nécessite une actualisation régulière des informations.

Tuberculose
Les recommandations internationales mettent l’accent sur :
– assurer le dépistage systématique du VIH pour les patients atteints de tuberculose, les personnes présentant des symptômes de la tuberculose et leurs partenaires ou les membres de leurs familles,
– prescrire du co-trimoxazole, pour prévenir les infections pulmonaires pour l’ensemble des patients atteints de tuberculose infectés par le VIH,
– débuter le traitement antirétroviral pour tous les patients co-infectés dès que possible
– poursuivre l’extension et le renforcement des programmes de lutte antituberculoseus de qualité (DOTS – directly observed treatment short-course – traitement sous surveillance directe), et associer cette stratégie à l’introduction de médicaments de seconde ligne disponibles à moindre coût

Paludisme
Les personnes infectées par le VIH courent le risque accru de paludisme compliqué et sévère, or étant donné le chevauchement géographique considérable du paludisme avec le VIH/sida, un nombre important de co-infections se produisent.
Les points d’attention portent sur :
– les femmes enceintes pour qui les interactions entre les deux infections peuvent avoir des conséquences graves,
– les interactions médicamenteuses potentielles chez les patients co-infectés sous traitement antipaludique ou traitement préventif et prenant des médicaments antirétroviraux ou prophylactiques contre l’infection à VIH.

Vieillissement
Par ailleurs, grâce à l’efficacité des traitements antirétroviraux, les personnes vivant avec le VIH vieillissent. Certaines des co-morbidités citées apparaissent plus tôt chez les personnes séropositives au VIH que dans la population générale.
La notion de vieillissement prématuré est discutée et plusieurs hypothèses sont avancées pour l’expliquer : le rôle du virus lui-même ou de ses protéines, la persistance d’un état inflammatoire, les coïnfections, une surreprésentation de facteurs de risques cardiovasculaires et de cancers et enfin les effets de certains ARV.

Il est important de différencier les coïnfections et les infections opportunistes.

Maladies ou infections opportunistes
Les infections ou maladies opportunistes sont le plus souvent causées par des agents infectieux (virus, bactéries, parasites, champignons) présents dans l’organisme depuis longtemps et habituellement contrôlés par le système immunitaire. Ces infections et tumeurs se manifestent chez les personnes dont les défenses immunitaires sont affaiblies. C’est le cas, par exemple, de la pneumocystose, de la toxoplasmose et du cytomégalovirus. D’autres agents infectieux sont également en cause : les mycobactéries (tuberculose), les candida, les cryptocoques, les crypto- et microsporidies intestinales.
Certaines tumeurs sont également classées opportunistes et sont souvent liées à des virus qui peuvent entraîner des cancers : ce sont les virus oncogènes. Ces virus associés au VIH et à l’immunodépression aboutissent à une plus grande fréquence de ces tumeurs que dans la population non infectée par le VIH. Les tumeurs les plus fréquentes sont la maladie de Kaposi, les lymphomes non hodgkiniens, les cancers du col de l’utérus ou de l’anus (papilloma virus humains). L’apparition d’une maladie opportuniste marque l’entrée dans le stade sida (« évènement classant »).