Capitalisation

Capitaliser suppose l’existence d’un capital. Dans le cas de la capitalisation d’expérience, ce capital peut être composé de compétences, d’un mode d’organisation, des pratiques, un savoir-faire… une expérience ! Cela suppose aussi que ce capital soit jugé comme capital par ceux qui le possèdent : il produit des résultats, des évolutions, des innovations ; il mérite d’être décrit, analysé, valorisé et partagé ; il est donc capital pour les individus, pour la structure, mais capital aussi pour d’autres individus et d’autres structures.

Qu’est-ce que la capitalisation ?

Il existe de nombreuses définitions de la capitalisation, mais on peut retenir de ces définitions qu’il s’agit à la fois de :

  • un processus de valorisation des ressources (non pas des biens matériels/financiers, mais des savoirs, connaissances, expériences et leçons tirées des activités)
  • un processus de gestion des connaissances (« explicites » déjà exprimées et conservées sur un support, et « tacites/implicites », transmis de bouche à oreille)
  • un processus de formalisation car toute expérience est porteuse de leçons, d’enseignements (capitalisation = travail d’analyse et de conceptualisation)
  • un processus d’apprentissage car on apprend toujours d’une démarche de capitalisation
  • Mais c’est aussi un acte de partage, de solidarité et de générosité. La capitalisation requiert le sens de l’écoute de ce que dit, fait ou pense l’autre, l’intérêt pour des expériences vécues ou réalisées par d’autres, la confrontation de ses idées et opinions à celles d’autres acteurs ou organisations, le sens de l’autocritique, l’appropriation de l’apport des autres. La capitalisation apparaît ainsi comme un exercice d’humilité et de un acte de partage.

La connaissance (savoirs et savoir-faire) possède de multiples facettes, réparties en connaissance implicite (ou tacite) et explicite, individuelle et collective. La capitalisation consiste à faire émerger la connaissance individuelle implicite pour la verser dans le collectif explicite, avec pour objectif une appropriation collective (implicite collectif).

En revanche, la capitalisation, ce n’est pas…

  • Pas une évaluation, qui est le plus souvent imposée, conduite par un tiers extérieur, dans une logique de résultats et autour d’une question centrale : est-ce que les objectifs de départs ont été atteints. La capitalisation s’attache à la manière de parvenir à des résultats, d’atteindre les objectifs. Peu importe que ces résultats soient positifs ou non ;
  • Pas un historique, qui a une dimension uniquement descriptive. La capitalisation utilise l’historique comme terroir du savoir-faire, mais n’en fait pas le cœur de son analyse, elle utilise des repères chronologiques mais moins pour décrire que pour observer les différentes étapes et les évolutions ;
  • Pas une étude externe, c’est-à-dire basée sur des éléments observables à distance (revue documentaire, observation in situ). Dans la capitalisation, le travail de mémoire avec les acteurs est indispensable car seul les acteurs impliqués dans l’action ont une bonne connaissance des éléments ;
  • Pas une recherche-action, qui suppose des hypothèses de départ, une expérimentation et une validation. La capitalisation suit l’action et ne la précède pas.

Pourquoi capitaliser une expérience ? Que capitaliser ?

Les motivations peuvent être de divers ordres distincts ou complémentaires. Il s’agit le plus souvent de motivations internes, propres aux intérêts de la structure : améliorer l’activité, les pratiques, les dispositifs ; s’adapter à l’évolution de l’activité, aux innovations ; lutter contre « l’évaporation des expériences » (turn over des équipes) et transmettre les compétences ; ou encore préserver la notoriété de la structure et ses savoir-faire.

Mais les motivations peuvent aussi être tournées vers l’extérieur, vers les partenaires de la structure, dans un objectif de promotion de la structure, pour favoriser la mobilisation des ressources auprès des bailleurs et donateurs ; ou pour participer à la « construction collective des savoirs », à leur diffusion et à leur utilisation par d’autres acteurs ; ou

Si l’on est une ONG ou une association, on peut capitaliser de nombreux projets, thématiques ou pratiques. Il peut ainsi s’agir d’une expérience et de pratiques développées par un type d’acteurs (ex. : le rôle des conseillers psychosociaux dans l’accompagnement des personnes vivant avec le VIH), une étape importante dans l’évolution de la structure (ex. : l’ouverture d’une maison d’observance), un secteur d’activité, un projet, un programme (ex. : les services de santé sexuelle d’une association), ou encore une action déterminée et ponctuelle dans le cadre d’un projet (ex. : la dénonciation d’essais thérapeutiques non conformes aux principes éthiques dans un pays).